Mémoires en jeu : Table ronde à la Sorbonne

Autour de la « mémoire du futur » (et de l’avenir de nos restes)


Quel sens donner à ces expressions « la mémoire du futur », ou « au futur », « pour le futur », que l’on entend régulièrement ? L’idée de cette table ronde est venue de la rencontre de la revue Mémoires en jeu avec l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Cette table ronde s’est déroulée et a été filmée le jeudi 4 juin 2019 dans les locaux de Sorbonne Université à Malesherbes.

Organisé par Luba Jurgenson et Philippe Mesnard.


Table ronde organisée par Jean-Noël Dumont (Andra) et Philippe Mesnard, le 4 juin 2019.


Intervenants : Jean-Noël Dumont (responsable du programme Mémoire, Andra), Sébastien Fevry (communication et média, université de Louvain-la-Neuve), Isabelle Klock-Fontanille (linguistique et sémiotique, université de Limoges), Cécile Massart (artiste), Laëtitia Ogorzelec-Guinchard (sociologue et anthropologue, université de Bourgogne Franche-Comté, Besançon), Denis Peschanski (historien, CNRS, Paris, responsable de l’équipex MATRICE et coresponsable du Programme 13-Novembre), Lucie Taïeb (littérature comparée, université de Bretagne, Brest, poétesse).

Modérateur : Philippe Mesnard (littérature comparée, université Clermont Auvergne, Clermont-Ferrand, CELIS EA 4280).


 
(de gauche à droite) Sébastien Fevry, Cécile Massart et Denis Peschanski lors de la table ronde du 4 juin 2019. © Mémoires des signes

(de gauche à droite) Sébastien Fevry, Cécile Massart et Denis Peschanski lors de la table ronde du 4 juin 2019. © Mémoires des signes

 
 
 

Philippe Mesnard : Quel sens donner aux expressions « mémoire du futur », « mémoire au futur » ou « pour le futur » ? Tel est le point de départ de cette table ronde qui s’est formulé ainsi lors d’une rencontre entre Jean-Noël Dumont, coordinateur du programme Mémoire de l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) et Mémoires en jeu qui se consacre, depuis bientôt trois ans, à rassembler les études des chercheurs, toutes disciplines confondues, sur les questions de mémoire. Avec son programme « Mémoire », l’Andra s’inscrit dans la volonté de penser en termes de mémoire à venir, dans un temps long, les risques potentiels d’une catastrophe sanitaire que pourrait causer l’enfouissement des déchets radioactifs et la méconnaissance de leur danger. Il s’agit donc d’une mémoire projetée dans le futur.

La revue Mémoires en jeu, quant à elle, a plus pour vocation à s’intéresser aux mémoires liées au passé, y compris les passés les plus proches (un numéro a été consacré à la mémorialisation des lieux des attentats). Les perspectives initiales étaient donc différentes. Pourtant, se demander ce que deviendra un événement est indissociable de ce que sera sa mémoire – celle-ci fût-elle à défendre ou à conquérir –, aussi la mémoire est-elle déjà présente dans ce qui est appelé à appartenir au passé. La ligne du futur est ainsi incluse dans la réflexion sur la mémoire. C’est un des points qui a permis cette rencontre entre nos deux institutions.

Un autre point important qui nous a réunis concerne la réflexion sur l’éthique. En effet, que la mémoire soit du futur ou bien du passé, une réflexion sur l’éthique s’engage à de multiples niveaux : au niveau des droits humains, au niveau de la société et des générations futures. Enfin, l’idée de croiser des points de vue multidisciplinaires, y compris artistiques, impliquant nos propres positions par rapport aux questions d’environnement et du futur, nous a également rassemblés. L’objectif de cette table ronde est donc de croiser des discours, des points de vue, des personnalités à partir de la double question : quel sens la mémoire pour le/du futur prend-elle pour vous et comment s’inscrit-elle dans vos propres activités ?

Cécile Massart : C’est en tant qu’artiste que je m’intéresse, non pas à cette problématique mais à ce projet. Parce qu’il s’agit bien d’un projet de vie avec les déchets radioactifs dans le futur. J’y travaille, même si, dans ce « temps long », je ne verrai pas le résultat tangible de mes recherches. C’est pour cela que je parle d’un travail sur « la mémoire du futur ».

(…)

Suite et totalité de la rencontre et des débats à consulter sur le site Mémoires en jeu.

Article paru le : 29.11.2019